Ecrire suppose d’accepter
de s’asseoir pour coucher par écrit
que le teXte existe sur une page, puis sur plusieurs plus ou moins successivement
qu’il s’étire de gauche à droite
la ligne, son horizontalité première, son éternel retour à
que tout cela ait un sens, ou du moins peut-être.
Longtemps, j’ai cru qu’accepter était se résigner parce que /je/
gardais le souvenir pétrifiant de la chaise, préférant m’allonger pour coucher par plaisir
me cabrais devant la douce et invisible dictature de la linéarité
voyais dans la page un procédé de contention assurant la pérennité de la correction ortho-graphique.
Concurremment, mon corps s’est souvenu jusqu’à percevoir
le livre comme un volume, un espace
chaque page comme telle, à prendre dans sa matérialité brute, un espace à investir dans toutes ses dimensions, une scène sur laquelle jouer et danser
la ligne droite dans son mouvement qu’il fallait détourner.
Vivement, la résistance que j’opposais à l’objet a déclenché la nécessité de faire de ce teXte
de cette mise en mouvement d’un individu qui justement ne veut plus revenir à la ligne, ne plus rien écrire du tout.
Le livre fut alors tout un con-teXte propre à travailler, paradoxalement commun et sacralisé
un con-teXte nécessaire en raison des conditions matérielles qui précisément le définissent.
Continûment, le teXte est venu s’y mouvoir en butée
contre tant de suffisance, même imaginée
contre les bords qui somment le regard et le pas
contre l’habitude de l’oeil, faire trébucher
contre l’ordre de lecture, percuter
tout contre
au contact
qu’est-ce que je fais j’écris
sur la page quand
qu’est-ce que cela me fait je lis
Billet précédent : [je] Dé-mission(ne)-s’est écrit en chemin
[je] Dé-mission(ne)-s’est écrit en fumée
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